1 févr. 2017

La rédaction Web à Madagascar

Il existe un phénomène qui mérite particulièrement notre attention, celle de la rédaction Web à Madagascar. Pour constater l'ampleur du phénomène, il suffit de faire un tour sur le site Jobmada.com, où les offres dans le domaine de la rédaction web abondent, pour ne pas dire qu'elles prolifèrent. Rares sont pourtant les sociétés qui disposent déjà d'une expérience probante. Toutes les annonces actuelles sont issues de sociétés nouvellement créées. Quel est l'impact de ce nombre croissant d'offres de prestations dans le domaine de la rédaction web ? La qualité est-elle toujours assurée ? Quel type de profil est le plus demandé ? Nous allons tâcher de répondre à toutes ces questions et bien d'autres.



Des profils universitaires, mais pas toujours


La plupart des annonces que l’on trouve sur les sites de recherche d’emploi mentionnent la nécessité d’un diplôme, majoritairement dans le domaine de la langue française et de la communication, mais de plus en plus d’annonces laissent le champ ouvert à tous les postulants, sans distinction de domaine. Aujourd’hui, c’est le test qui est privilégié semble-t-il, mais il faut savoir que la compétence rédactionnelle est très rarement issue d’un talent propre à une personne. Dans la majorité des cas, cette compétence s’acquiert au fil d’un cursus scolaire et/ou universitaire. Moi qui ai étudié à la Faculté des Lettres, j’ai connu des personnes qui ont été incapables d’aligner un seul paragraphe correct. Ces personnes n’ont bien évidemment pas pu terminer leurs études universitaires, mais aujourd’hui, ils se disent rédacteurs. En essayant d’être objectif, j’ai lu certains de leur texte et j’ai constaté une grande lacune non seulement sur le plan logique, mais également sur le plan syntaxique et orthographique de base, avec des fautes constatées même au niveau du genre des mots. Il est donc conseillé aux commanditaires de faire extrêmement attention à ces éléments puisque bien souvent, il ne s’agit pas de simples coquilles, mais de véritables fautes provoquées par un manque de connaissances linguistique et culturelle, pourtant nécessaire à la production d’un bon texte.

Une dualité culturelle qui détériore les textes

Il y a des textes écrits par les rédacteurs web malgaches qui sont d’une qualité exemplaire, atteignant le niveau des textes journalistiques français. Mais force est de constater qu’une grande majorité des textes est de bien moins bonne qualité. Je suis moi-même un rédacteur web et je dois vous avouer que la qualité de mes textes est loin d’être satisfaisante si l’on se réfère aux standards journalistiques francophones (vous le constaterez en lisant ce texte). L’atteinte d’un objectif chiffré corrompt peut-être la capacité créative, mais ce n’est pas la seule raison. La dualité culturelle entre en cause et il est impossible pour un Malgache de souche (frange majoritaire des rédacteurs) de penser à la manière d’un Français ou d’un Canadien francophone (selon les clients). Il existe toujours un arrière-goût de la culture malgache dans chaque texte écrit. Il existe bien évidemment de grandes sociétés où le pôle rédaction compte en son sein un superviseur qui est de culture (et de nationalité) française qui saura enlever toute ambiguïté culturelle, mais la plupart des sociétés et des entités individuelles de rédaction ne disposent pas de ce recul. De cette situation résulte une production globale très hétérogène. Les sociétés européennes et nord-américaines qui ont recours à l’outsourcing se doivent donc de faire particulièrement attention aux nombreux malgachismes, ce qui implique un effort supplémentaire.

Le plagiat, un phénomène à risque

Lorsqu’on opte pour l’outsourcing pour ses besoins en production de contenus, le premier souci est le respect du droit d’auteur des autres textes, c’est-à-dire l’absence de plagiat. On peut bien évidemment recourir à des logiciels ou des sites anti-plagiats, mais le coût prohibitif des services de ce type décourage les sociétés européennes, ce qui les amène à placer une confiance aveugle aux prestataires malgaches. Le phénomène de plagiat n’est pourtant pas rare à Madagascar. La pratique la plus courante consiste en la copie intégrale d’un texte, suivi d’une opération consistant à remplacer certains mots significatifs par des synonymes. La structure ainsi obtenue est donc parfaitement identique à un autre texte, production intellectuelle soumise au droit d’auteur. Il existe également une pratique qui consiste en l’interversion de deux ou de plusieurs paragraphes, avec l’ajout de quelques synonymes, mais il s’agit au final d’un plagiat. Le risque est alors grand pour le client de se voir poursuivre pour atteinte au droit d’auteur, pénalement répréhensible dans la majorité des pays. Les prestataires malgaches, bien qu’ils mentionnent le contraire, n’ont pas véritablement le moyen de faire une vérification anti-plagiat de la production de leurs rédacteurs, ils envoient donc parfois (et même souvent) des textes pas ou peu originaux, rendant difficile le référencement tout en exposant le client à de grands risques pénaux.

Internet, seule source d’information

Les rédacteurs malgaches ont très rarement accès à des sources d’information "en" dur, c’est-à-dire des livres, des magazines ou encore des émissions de télévision. Ces sources ont l’avantage de fournir des informations vérifiées (quoique … si l’on se borne à lire des magazines comme Closer ou Entrevue). A Madagascar, la seule source d’information est le web, et vu la qualité de la connexion disponible, bien peu de rédacteurs iront perdre du temps à charger une vidéo. De plus, il est impossible d’acheter un magazine ou un journal en ligne. Il existe bien évidemment de grands sites d’information, mais il y a des gammes d’informations impossibles à corroborer sur le Net. La volatilité des informations, le développement des flux RSS et la place de plus en plus prépondérante des contenus multimédias de type vidéo pénalisent particulièrement les rédacteurs de la Grande Ile qui n’ont alors accès qu’à des informations de « second ordre ». Il faudra de la pugnacité pour un rédacteur pour trouver une information à la fois fiable, ayant une grande valeur informative et pérenne. Outre les sites des grands groupes de presse, les informations virtuelles sont plus difficilement vérifiables, et sujettes à la spéculation.

N’est pas rédacteur qui veut

Bien des personnes se revendiquent aujourd’hui rédacteurs, mais il faut savoir que la compétence se reflète toujours dans la qualité du texte produit. L’énorme besoin en référencement pousse aujourd’hui les clients européens à accepter des textes de piètre qualité, mais il y aura un moment où l’exigence d’une qualité minimale obligera de nombreuses sociétés de rédaction à fermer boutique. Et nombreuses seront les structures qui pâtiront de cette future hausse de l’exigence qualitative. J’en serai même de ceux qui pourront ne plus avoir du travail dans ce domaine. Il faudra à ma propre personne une très grande discipline et une grande volonté de se cultiver pour garder un niveau acceptable. Il sera donc temps de (ré)intégrer CCAC, la seule bibliothèque qui offre une mise à jour régulière de ses magazines. Il faut savoir qu’au premier abord, le métier de rédacteur semble abordable puisqu’il faut uniquement disposer un ordinateur connecté (de nombreux rédacteurs vont dans les cybercafés pour puiser leurs informations). Il ne s’agit pourtant pas de placer des mots à la suite, mais de produire des paragraphes susceptibles d’intéresser les internautes. Il est de ce fait impossible de seulement « radoter » et produire des phrases vides. Il s’agit avant tout de mettre en mots (attrayants) une somme d’informations. Et ce n’est pas tout le monde qui en est capable. Moi-même, j’éprouve bien des difficultés à produire un texte. N’est pas rédacteur qui veut, et les clients devraient faire attention aux textes que livrent les prestataires malgaches.

Une idée de la rémunération des rédacteurs Web malgache

Dans la majorité des cas, la rémunération des rédacteurs web malgaches est dérisoire, notamment lorsque ces derniers évoluent dans le freelance, c’est-à-dire non affiliés à une société de plein droit qui offre les avantages sociaux ainsi que la sécurité de l’emploi grâce à la signature en bonne et due forme d’un contrat de travail. Après enquête, j’ai constaté que le prix moyen d’un texte de 400 mots est d’environ 5000 Ar, ce qui revient à 2,5 euros, alors que le prix de vente de ces articles aux commanditaires est en moyenne de 4,5 euros (environ 12 000 Ar). Le bénéfice réalisé par les prestataires qui font appel à des rédacteurs freelances est ainsi de près de 100%. Cette marge est moins importante pour les sociétés de droit malgache qui proposent un service de rédaction. En effet, le salaire mensuel d’un rédacteur débutant tourne autour de 300 000 Ar, somme à laquelle s’ajoute les taxes et la mutuelle. Un rédacteur confirmé peut gagner jusqu’à 700 000 Ar brut. A ce salaire de base vient également s’ajouter une prime de performance. La situation entre les rédacteurs travaillant en freelance et ceux travaillant au cœur d’une structure n’est donc pas comparable. Par souci de productivité, un freelance produira des textes de moins bonne qualité afin de produire un maximum de texte. Rares sont les prestataires indépendants qui peuvent livrer des textes de qualité. Pour une commande assurée, privilégiez les entreprises expérimentées et qui peuvent fournir un devis précis avec notamment une charte de qualité. Pour tout vous dire, cette catégorie de société est très rare, et propose bien souvent d’autres services Web comme le référencement ou le développement de sites.



Nous pouvons dire qu’il est très attrayant de commander des textes à des prestataires  implantés à  Madagascar, mais il est primordial de faire une étude de faisabilité ainsi qu’un test avant de se lancer dans une commande de masse. Bien des commanditaires ont regretté leur choix de par la piètre qualité des textes livrés. L'expérience ainsi que les références sont des critères primordiaux lorsque vous faites appel à un nouveau prestataire. Aujourd'hui, il n'y a que très peu de sociétés qui peuvent se targuer d'avoir deux ans d'expérience ou plus dans ce jeune secteur, mais seules ces sociétés sont  à même de définir avec vous la charte rédactionnelle adéquate. Prenez le temps de demander le type de structure du prestataire. Prenez le temps également de faire une "période d'essai" avant de vous engager sur le long terme afin d'éviter toute mauvaise surprise qui peut survenir au fil du temps. Il est par ailleurs conseillé d'opter pour des entreprises qui comptent au moins une personne d'origine européenne ou du moins qui a étudié en France afin d'adapter au mieux les textes à la culture des cibles.