Firenena Merina. Voilà l'expression du jour qui aura réussi à me surprendre en cette nuageuse journée du mois de mars. C'est dans un article intitulé Ny fireneny merina de l'excellente blogueuse Mialy s'en fout que j'ai pris connaissance de l'expression. Je vous invite d'ailleurs à lire l'article où on peut lire un interview de l'instigateur de l'expression Nation merina, à savoir le chercher en anthropologie/sociologie Michael Randriamaniraka. J'ai également pris la peine de consulter le blog du chercheur avant de rédiger mon article.
Ce qui m'a le plus surpris dans la lecture de l'article de Mialy s'en fout, c'est cette impression de lire le pamphlet d'un activiste opprimé par l'histoire, à l'instar d'un Noir de type Malcolm X qui lève son point. De mémoire d'homme pourtant, je ne me souviens pas que l'on ait opprimé le peuple Merina. Je ne comprends donc pas cette idée de génocide culturelle qui menace les Merina.
Je ne donne pas tort à Michael Randriamaniraka de vouloir une identité culturelle, mais de là à s'arroger un rôle de victime et de se réclamer d'une culture vierge de toute influence ou souillure, j'ai des réserves et je manifeste par ailleurs mon profond désaccord. En premier lieu, je dis haut et fort que l'identité culturelle Merina n'a jamais été menacé. Il suffit de s'éloigner un peu d'Antananarivo pour constater que le dialecte, le mode de vie marqué par ce flegme inaltérable et le folklore, n'ont jamais été menacé. Je suis donc révolté de constater le terme génocide dans le blog de Michael Randriamaniraka. Je cite ici "Le blog se veut aussi être l'Observatoire des Merina sur les risques et les menaces de génocides à l'encontre de ce peuple." A moins d'être la réaction d'un Merina outrageusement occidentalisé et en manque d'identité personnelle et culturelle, une telle vision est encore, selon moi, la manifestation d'un ethnocentrisme exacerbé et mal assumé.
Comparer le cas des Maoris et des Merina est totalement inepte. A la différence des Maoris, les Merina n'ont pas été obligés d'abandonner leur culture pour adopter celle de leurs occupants. Les enfants Merina n'ont pas été menacés de mort pour s'être tatoués des motifs traditionnels ou avoir porté un habit traditionnel. La similitude entre les deux peuples n'existe pas. Evoquer des disputes ethniques tient par ailleurs de l'absurdité. Demander à faire une recherche sur les violences qu'ont subi les Merina à Tulear en 2013 est également réducteur pour illustrer la menace contre l'ethnie et constitue une démarche biaisée. L'exemple est d'autant moins à propos que les motivations des fauteurs de trouble ne sont pas avérés. Les excuses ethniques ont d'ailleurs toujours été l'occasion de masquer des motivations purement vénales. Pour les autres faits, les Merina ne sont pas plus victimes que les autres victimes. Certains propos manquent réellement d'objectivité, ce qui est étonnant de la part d'un chercheur.
Dans sa démarche de recherche anthropologique et sociologique, Michael Randriamaniraka a-t-il pris le temps de consulter le sens du terme génocide culturel, ou bien sa volonté d'ériger une nation Merina répond-t-elle uniquement à une volonté de vivre replié sur sa culture. Les événements cycliques qui secouent l'histoire récente de Madagascar ne s'expliquent surement pas par un manque d'identité culturel.
Je ne suis aucunement en droit de juger la volonté de Michael Randriamaniraka de vouloir célébrer le "nouvel an merina" à sa manière, je ne lui en voudrai surtout pas de revenir au mode de pensée d'avant le 19e siècle. Mais se cacher derrière la merinitude pour tenir des propos hors du temps, notamment lorsqu'on s'affirme en tant que chercheur, au fait de l’épistémologie et des démarches scientifiques...
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